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Sorti vers mars 1986, le Texas Instruments 74 Basicalc est un ordinateur de poche Basic très homogène, d'une conception aboutie, qui n'a eu qu'un défaut : il est arrivée trop tard, beaucoup trop tard...

En effet, ses performances, qui auraient été plus qu'excellentes en 1983, devenaient presque ordinaires en 1986. Il faut dire que Texas Instruments n'en était pas à son premier essai : la TI-88, annoncée mais jamais fabriquée, le CC-40, lancé puis retiré du marché au bout de quelques mois (car son périphérique le plus important, la sauvegarde Wafertape n'a jamais été pu être mis au point...). le TI-74 en sera l'héritier, et il héritera d'une conception mûrement réfléchie, et pour cause...

 

 

Cela donnera une machine dotée d'un excellent Basic (procédures, ordres d'entrée et d'affichage formatés, etc...), d'une mémoire correcte, d'un mode "calculatrice" enfin intelligent, avec des périphériques classiques et moins classiques (interface IBM PC et lecteur de disquettes), de modules préprogrammés (dont un intéressant Learn Pascal) ou au choix du client, pour un prix qui aurait fait fureur en 1983 : 1190 francs à son lancement... Il connaîtra quand même un certain succès, en raison des modules préprogrammés spécialisés conçus par et pour nombre de banques et autres compagnies d'assurance... Cela justifiera même la version TI-74S, au clavier débarrassé de toutes les inscriptions superflues, mais à l'électronique identique.

 

La machine

Dans un élégant boîtier noir "tout plastique" mais de qualité correcte, nous trouvons un afficheur certes monoligne, mais de 31 caractères (beaucoup plus confortable que 20 ou 24, voir Casio ou Sharp) et bardé d'indicateurs divers, un clavier lui aussi au toucher "tout plastique" peu agréable mais tellement bien conçu (avec notamment une vraie barre d'espacement), un port pour modules RAM ou ROM extrêmement pratique, et la connexion DockBus (car il était doté lui aussi d'une interface en boucle, comme Hewlett-Packard, mais avec nettement moins de périphériques...). Une machine matériellement très bien conçue, s'il n'y avait le toucher de son clavier...

Livré avec un étui en forme de boîte plastique à charnière extrêmement solide (et contenant une carte de référence retournable très pratique), il est idéal pour être transporté partout sans ménagements...Et évidemment, l'on retrouve la qualité des manuels TI, clairs, complets, précis...

 

TI-74S à sérigraphie de clavier simplifiée

Utilisation directe

Par sa touche MODE, cette machine nous laisse le choix entre un ordinateur Basic avec un éditeur complet (et enfin un mode d'insertion à répétition !) et un mode CALC génial : associée à la gravure multiple des touches (chargée mais très lisible grâce aux différentes couleurs de la sérigraphie), c'est une calculatrice complète et très pratique avec toutes les fonctions directement accessibles. Ce que Sharp n'a su faire qu'avec un second clavier "calculatrice" accolé au premier (le mariage contre-nature des Sharp PC-1401 à 1475), Texas Instruments l'a réussi sans même rajouter une touche, avec en prime des fonctions mathématiques (treize chiffres de précision, dix affichés, et un exposant allant jusqu'à +/-127, permettant la factorielle jusqu'à 84!), mais aussi statistiques complètes, permutations et combinaisons, trigonométrie hyperbolique, dix mémoires par STO et RCL, et le tout en accès direct...Bref, une excellente calculatrice scientifique sophistiquée et très pratique, avec en prime dix touches redéfinissables (grâce à la touche FN).

 

Programmation

C'est aussi un ordinateur programmable dans un des meilleurs Basic ayant existé sur ce genre de machines, connaissant les messages d'erreur en toutes lettres (adieu les codes d'erreur), les procédures par SUB..SUBEND (avec passage de paramètres et variables locales, s'il vous plaît), IF..THEN..ELSE multiples, NUMber et RENumber, ON..ERROR/GOTO/GOSUB, un formatage très puissant (à la Fortran) par IMAGE et des ordres d'entrée-sortie d'une performance inégalée : la souplesse qu'offrent les paramètres de DISPLAY (affichage) et ACCEPT (entrée au clavier) fait rêver...Mais l'on s'arrête là : pas de graphismes, pas d'horloge, pas de sons, pas de PEEK ou de POKE. Ce n'est que du pur Basic, mais du bon ! Même si l'on retrouve une manie typiquement Texane, celle des CALL...par exemple, CALL KEY correspond à INKEY$, en fait. Les amateurs de TI-99 n'en seront pas étonnés !

Seuls défauts, mais gênants quand même : pour utiliser l'imprimante, il faut ouvrir un fichier de sortie sur l'imprimante, imprimer dans ce fichier sans oublier de refermer le fichier, là ou les concurrents se contentent d'un LPRINT ou d'un MODE 7 ! Et pire encore, si évidemment la mémoire-programme est constante, impossible de conserver la valeur des variables après la fin d'un programme (ou son extinction automatique). Aucun espoir de commencer un programme le matin, et de pouvoir le poursuivre avec les données d'origine l'après-midi sans passer par une sauvegarde magnétique. Pour une machine portative et autonome, c'est un réel défaut de conception.

Une autre qualité de cette machine est la disponibilité de modules préprogrammés (mathématiques, statistiques, chimie) ou du module Learn Pascal, qui donne accès à un interpréteur en langage Pascal (unique dans toute l'histoire des ordinateurs de poche !). Certes, ce Pascal est limité : numérotation des lignes obligatoire (mais c'est très pratique en fait sur un écran monoligne), et surtout impossibilité de définir ses propres TYPE ni de profiter de la récursivité à fond (les piles de retour étant les mêmes que sous Basic, donc limitées...). Mais c'est le concept qui est intéressant : ce module Pascal n'était pas conçu pour cela, il était conçu pour faciliter l'apprentissage d'un nouveau langage, et le manuel allait dans ce sens, très pédagogique pour une personne connaissant déjà un peu de Basic...

Le tout avec la confortable mémoire de 7714 octets utilisateur, éventuellement extensible de 8 Ko supplémentaires, avec une option intéressante ; cette extension-mémoire étant autonome (sur pile intégrée), l'on pouvait soit s'en servir pour étendre la mémoire de base (ordre CALL ADDMEM), soit s'en servir comme support de sauvegarde de ladite mémoire (ordres CALL PUT et CALL GET) ! Dommage que les variables disparaissent dès le programme terminé...

 

Périphériques dédiés

Une belle collection de périphériques seront annoncés, et seront effectivement disponibles au lancement du TI-74 (histoire de ne pas recommencer l'échec commercial du CC-40 sorti trop tôt sans que ses périphériques ne soient mis au point) :

• Module RAM/ROM : livré d'origine, ce n'est qu'un protecteur de connecteur, absolument vide d'électronique
• Module CM-8 8 Ko RAM : ajoute 8 Ko de mémoire, rallongeant la mémoire de base ou servant de sauvegarde (car disposant de sa propre pile d'alimentation)
• Modules ROM Mathematics, Statistics, Chemical et Learn Pascal
• Modules EPROM préprogrammés à façon : Texas Instruments offrait le service de fabrication de modules préprogrammés à la demande du client. Evidemment d'un coût inaccessible à l'amateur, ce choix était très intéressant en petite série pour des professionnels, et nombre de logiciels de calculs bancaires, d'assurance ou de crédit seront commercialisés sur ce support, faisant en grande partie le succès de cette machine. Cet usage explique même la version dérivée TI-74S.
• Interface-cassette CI-7 : petite, légère, efficace, qu'en dire de plus ? Si, elle est en plus très sensible (baissez le volume, elle à l'oreille très fine !).
• Imprimante thermique PC-324 : assez banale mais efficace, c'est une imprimante 24 caractères par ligne qui remplit son office
• Interface PCIF : plus original, c'est une interface conçue pour un raccordement sur IBM PC et compatibles, via la prise parallèle (Centronics). Elle permettait avec le programme livré d'origine (sur disquette 5.25" pour MS/DOS exclusivement), de bénéficier des disquettes et de l'écran de l'IBM : le confort d'un grand écran pour une machine de poche !
• Lecteur de disquettes QD2 : conçu par la firme allemande Mechatronics, il sera vendu sous la marque Texas Instruments, et utilise le format QuickDisk 2.8", qui ne permet théoriquement que d'inscrire 64 Ko par face, de manière séquentielle...mais il est possible de gérer des fichiers relatifs comme de maintenir un catalogue de la disquette !

 

 

Quelques ruses

Le manuel prévoit la possibilité d'enregistrer sur module CM-8 une image de la mémoire du TI-74 (par CALL PUT et CALL GET), mais pas d'espoir : seul le programme est effectivement sauvegardé...Sinon, pour l'utiliser en extension de mémoire, faire impérativement un CALL ADDMEM préalable...

Petit rappel des commandes d'impression :

• ouvrir un fichier sur la PC-324 (périphérique n°12) : OPEN #9,"12.",OUTPUT (à noter une erreur dans le manuel à ce sujet)
• imprimer dans le fichier avec PRINT #9, etc...
• puis le refermer par CLOSE #9
• procédure heureusement simplifiée pour lister sur papier, puisqu'il suffit d'un LIST "12."

De même pour sauvegarder, il faut préciser l'identifiant de l'interface-cassette (périphérique n°1) par un SAVE "1.truc", et le recharger par OLD "1.truc". Eh oui, c'est pas LOAD !

 

Evolution

Cette machine ayant rencontré un certain succès avec une clientèle professionnelle, qui ne l'utilisait que comme exécuteur d'un programme sur module EPROM préprogrammé (comme à la grande époque des TI-58), une version simplifiée à très vite vu le jour : le TI-74S, dont le clavier est débarrassé de toutes les inscriptions superflues (notamment Basic, fonctions du mode Calc, etc...). Mais ce n'est qu'une question d'esthétique : l'électronique et ses capacités sont identiques entre les deux versions. A noter que le TI-74S a existé avec des inscriptions en anglais mais aussi en allemand, et qu'il a été également livré avec une housse souple à fermeture Eclair...

A remarquer également que le TI-95 Procalc sorti à la même époque que le TI-74, partage le même boîtier avec un clavier et un afficheur différent (il partage aussi les CM-8, CI-7, PC-324 et PCIF d'ailleurs).

 

Le coin du collectionneur

Les TI-74 et 74S sont des machines assez courantes et généralement sans problèmes (d'autant que leur étui décidément très solide leur a généralement évité bien des coups et rayures). Par contre, méfiance du côté module : la majeure partie d'entre-eux sont livrés avec un ou plusieurs modules d'applications professionnelles de l'époque, dont l'utilité actuelle est bien faible...Comme ces modules sont généralement auto-exécutés dès la mise en route de la machine, autant intercaler une feuille de plastique souple entre leurs contacts et ceux du TI-74, ce qui lui permet de démarrer sous Basic dès l'allumage !

On ne peut en dire autant de leurs périphériques et modules, de plus en plus rares...Par ordre de raréfaction : PC-324, CM-8 et autres modules TI, CI-7, module Learn Pascal et lecteur QD2 : ce dernier a bien été fabriqué et commercialisé en France, mais vous n'êtes pas près d'en voir un !

 

Caractéristiques techniques : Texas Instruments TI-74 Basicalc et TI-74S

Première acquisition : août 2002

Nota : le TI-74S ne dispose pas de la sérigraphie de toutes les fonctions disponibles sur les touches, mais est fonctionnellement identique au TI-74. Information non confirmée : il semblerait que le 74S puisse accepter des cartouches EPROM de 32 Ko alors que le 74 normal serait limité à 8 Ko.

 

Caractéristiques techniques : Texas Instruments CI-7

Nota : également compatible avec le TI-95.

 

Caractéristiques techniques : Texas Instruments PC-324

Nota : également compatible avec le TI-95

 

Caractéristiques techniques : Texas Instruments CM-8 RAM Cartridge

Nota : également compatible avec le TI-95

 

Caractéristiques techniques : Texas Instruments Learn Pascal Cartridge

 

Nota général : les périphériques se branchent les uns derrière les autres en chaîne, la sauvegarde magnétique en dernier.

 

Référence : les revues de l'époque

• Publicité dans Nano-Ordinateurs n°2 page 0 (mai-juin 1987) et 5 page 0 (décembre 1987)
• Essai du TI-74 dans Nano-Ordinateurs n°1 page 8 (mars-avril 1987)
• Essai du module Pascal dans Nano-Ordinateurs n°3 page 15 (juillet-août 1987)
• Essai du module Mathematics dans Nano-Ordinateurs n°3 page 16 (juillet-août 1987)
• Essai du QuickDisk 02 dans Nano-Ordinateurs n°4 page 14 (novembre-décembre 1987)